– Les formes innovantes de co-construction des politiques publiques et leurs incidences sur les dynamiques de professionnalités et de besoins dans les services de soutien à domicile auprès des aînés. Mise en perspective France- Québec

ANR-FRQSC : Appel-à-projet franco-québécois en sciences humaines et sociales
2017-2022

Résumé

Le projet s’inscrit dans la thématique des politiques publiques et des innovations sociales face aux changements démographiques. Son objectif général est d’étudier les processus d’élaboration des politiques et leur mise en œuvre par les acteurs des services à domicile auprès des aînés, afin de comprendre s’ils sont démocratiques et comment ils peuvent mener à la prise en compte de l’intérêt général dans ce domaine.

Le processus de vieillissement accéléré de la population en France et au Québec constitue, sur le plan démographique, l’un des principaux enjeux auxquels devront faire face ces sociétés au cours des prochaines décennies. Dans ce contexte, la thématique des services à domicile se situe à l’intersection de ces enjeux sociétaux alors que leur conception, leur mise en œuvre, leur coût, et leur disponibilité façonnent de manière déterminante et durable la qualité de vie des aînés, et leur décision de vivre à domicile ou en institution.

La recherche porte sur trois dimensions :

  1. Au plan « macro », sur la manière dont les politiques publiques, au lieu d’être élaborées uniquement par des décideurs étatiques, peuvent être co-construites avec divers acteurs concernés des secteurs public, marchand ou associatif ; et sur la portée innovante des formes d’action et des marges d’autonomie qu’elles permettent.
  2. Au plan « méso », sur les répercussions de ces politiques sur les différents registres d’engagement et les statuts différenciés des professionnels, qui doivent prendre en compte les contingences des situations à domicile et la singularité des besoins.
  3. Aux plans « micro » et « macro », nous cherchons à comprendre comment les besoins des aînés cheminent sur le plan individuel et collectif, et comment ils s’expriment par rapport à l’offre de services des territoires. Notre approche privilégie donc l’entrée par les acteurs, leurs positionnements et leurs stratégies, en interrogeant la participation décisionnelle (ou non) des parties prenantes à la co-construction des politiques de services à domicile ; en analysant les effets potentiellement innovants sur les processus de professionnalité, de mise en œuvre des services et de réponses aux besoins des aînés.
Méthodologie

Les données de la recherche sont recueillies à partir d’une méthode originale de missions conjointes réalisées sur quatre terrains par des binômes de chercheurs franco-québécois.

Deux terrains français sont situés en Île-de-France, territoire « urbain » où sont établis les sièges des grandes fédérations associatives de services à domicile pour les aînés, et en territoire « rural » et « semi-rural » dans la région Rhône-Alpes, département de la Loire (secteurs Stéphanois et Roannais). Les terrains québécois correspondent, d’une part, à un territoire urbain situé à Montréal et, d’autre part, à un territoire rural et semi-rural situé dans la région de la Mauricie et Centre-du-Québec. Ces deux terrains correspondent respectivement aux territoires de desserte du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Centre-Ouest-de-l’île de Montréal et d’une partie du CIUSSS de la Mauricie et Centre-du-Québec.

Dans un premier temps, le portrait sociodémographique des personnes âgées sur le territoire a été tracé afin de bien cerner le profil de cette population (et sa répartition géographique selon les tranches d’âge associées à la vieillesse : 65-75 ans; 75-85 ans et 85 et plus). Cette première opération permet d’adapter et de d’affiner les grilles d’entrevue lors des entretiens ainsi que de valider la prise en compte de l’évolution démographique de la population dans l’offre des services des organisations en fonction des besoins des personnes âgées de 65 ans et plus, et des besoins plus spécifiques liés aux différentes tranches d’âge, considérant que les risques d’incapacités physiques et cognitives augmentent (et donc le type et le volume de services aussi) avec le vieillissement des personnes.

Dans un deuxième temps, une recension des principaux dispensateurs de services de soutien à domicile offerts aux personnes âgées sur les territoires enquêtés a été constituée.

Dans un troisième temps, des entretiens individuels ont été réalisés en France auprès des agences régionales de santé (ARS), de responsables des schémas départementaux de services pour les personnes âgées en perte d’autonomie dans les conseils départementaux, les directions de Maisons pour l’autonomie et l’intégration des malades d’Alzheimer (MAIA) et des Centres Locaux d’Information et de Coordination (CLIC), des directions des principales associations et entreprises marchandes dispensant des services et des soins à domicile et des organismes représentant les personnes âgées et leur proches aidants (incluant leur famille). Des entretiens collectifs seront aussi organisés avec les intervenants de ces associations oeuvrant aux domiciles des personnes âgées (ADMR en Rhône-Alpes, Adessa domicile en Val-de-Marne). Au Québec, des entretiens ont eu lieu, notamment, avec la direction des services de soutien à domicile et les coordonnateurs des équipes de services de soutien à domicile des CIUSSS sur les territoires enquêtés.

Enfin, des observations ethnographiques ont été déployées à partir d’une approche dite « par cas » ou « par situation ». Une dizaine de situations en France et au Québec de personnes âgées en perte d’autonomie requérant les services de soutien à domicile ont fait l’objet d’un suivi ethnographique in situ d’intervention.

Equipe de recherche

L’équipe est composée de 11 chercheurs et chercheuses.

Pour le Québec, Christian Jetté de l’Université de Montréal et du laboratoire CRISES est responsable FRQSC du projet, Lucie Dumais et Yves Vaillancourt sont co-responsables scientifiques.

Pour la France, trois institutions partenaires scientifiques sont signataires de la convention ANR : le laboratoire Printemps de l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (coordonnateur administratif ANR), l’Espace Scientifique et Praticien en Action Sociale et en Santé (ESPASS) de l’ENSEIS et le Laboratoire LISE/CNAM.

Maryse Bresson, Catherine Lenzi et Jean-Louis Laville sont responsables scientifiques du projet pour la France. L’équipe est composée également de cinq chercheurs universitaires : Dominique Argoud (MdC Université de Marne-la-Vallée) et un post-doctorant pour le laboratoire Printemps ; David Grand (ESPASS-IREIS) et Maks Banens (MdC Labo Max Weber, Lyon) pour l’IREIS Rhône-Alpes ; Elisabetta Bucolo (MdC au CNAM) pour le LISE/CNAM.