– Le suivi des jeunes délinquants dans la communauté : expériences de la contrainte et co-construction du travail d’accompagnement – Regards croisés France Québec

Consulat Général de France à Québec / Programme Samuel de Champlain
(Fonds de la recherche du Québec Nature et Technologies)
2017-2020

Responsables scientifiques :

Catherine Lenzi (ESPASS-IREIS, UVSQ PRINTEMPS) et Nicolas Sallée (UdM, CREMIS) pour le Québec.

Résumé :

Ce projet part du constat selon lequel les intervenants, aux prises avec des jeunes qu’ils sollicitent et qui les sollicitent quotidiennement, doivent mobiliser une série de « compétences relationnelles » (Milburn, 2002), supposant un engagement personnel et émotionnel qui conduit à une constante interrogation sur les recettes de la « bonne distance » (Boujut, 2005). Les intervenants peuvent aussi mobiliser la contrainte – notamment la contrainte pénale – pour couper court à l’interaction, en préconisant l’enfermement d’un jeune dont ils estiment qu’il doit « faire face » à ses responsabilités (Sallée, 2016). Le suivi éducatif est donc toujours le produit d’une co-construction au cours duquel les contours de l’interaction entre les intervenants et les jeunes sont (re)négociés, (re)définis, (ré)ajustés. Le présent projet vise à approfondir l’analyse de ces processus de co-construction en élaborant une sociologie des expériences juvéniles de la pénalité, très peu réalisée à ce jour.

Ces expériences sont saisies selon trois axes :

  • L’expérience biographique, pour interroger la place occupée par le suivi éducatif dans le récit que les jeunes font de leurs parcours. Le contact avec les institutions pénales étant inégalement distribué selon la classe sociale, le genre et l’origine ethno-raciale (Vuattoux, 2016), les séquences pénales éprouvées peuvent s’inscrire en rupture ou en continuité des parcours antérieurs.
  • L’expérience sensible, pour interroger les sentiments engagés par les jeunes dans le suivi éducatif. Si la police et les acteurs répressifs produisent souvent des sentiments de défiance et de crainte (Goffman, 2014), les acteurs éducatifs sont investis de sentiments plus complexes, conformément aux caractéristiques d’une mission située entre accompagnement et surveillance, aide et contrainte.
  • L’expérience critique, enfin, pour interroger ce que les jeunes apprennent de leur suivi éducatif. Au gré des interactions qui émaillent leur prise en charge, les jeunes construisent un savoir informel et développent une diversité d’apprentissages (Jaspart, 2015) qui, en retour, recomposent l’ordre éducatif.