Regards croisés IREIS/MAIF : « Militantisme et acteurs sociaux entre ruptures et continuités » (24/01/2012)

Rupture
Acteur Sociaux

 

Janvier 2012

Documents

De la même façon que le colloque IREIS/MAIF 2011 sur la laïcité portait sur un thème transversal, nous avons retenu, pour 2012, d’organiser l’événement autour du militantisme. Ce thème traverse la totalité du secteur de l’action sociale, médico-social et sanitaire, et couvre également l’ensemble du champ associatif, historiquement et fondamentalement porteur d’une action de transformation sociale.
Le propos du colloque sera centré, moins sur les institutions ou les structures en tant que telles, que sur les acteurs sociaux dans leur globalité et singularité, intervenants sociaux et militants de la « cause » au sens large dans les rapports qu’ils entretiennent avec la question militante.

Au regard des profonds bouleversements qu’ont connu, ces dernières décennies, les mondes de l’intervention sociale et associatifs, le colloque visera à rendre lisibles les moments de rupture et de continuité des engagements militants. Avec la crise des Etats providence, l’intervention sociale est entrée, depuis le milieu des années 1970, dans une période de profonde mutation : le paradigme managérial et la performance administrative (la Nouvelle Gestion Publique ou New Public Management) ont défini de nouveaux cadres d’action et référentiels, fondés sur une rhétorique de l’expertise et de la compétence, qui modifient en profondeur les contours de l’intervention sociale et l’engagement des acteurs sociaux, et bouleversent les cadres éthiques et les codes déontologiques existants.
Dans le même temps et de façon systématique, le champ associatif, de plus en plus contraint et sollicité par les politiques publiques, notamment territoriales, se rationalise et se recompose autour d’un management et d’une logique de professionnalisation inspirés du monde de l’entreprise. Ces mutations opposent fréquemment, dans l’esprit du plus grand nombre et militantisme

Le premier renvoyant à une idée d’expertise sociale et de technicité, le second à celle d’amateurisme et de bénévolat. Pour autant, au-delà des contraintes et contradictions qui positionnent en permanence les acteurs sociaux entre exigence de performance et de justice sociale, un des partis pris de ce colloque est de mettre au jour, tant les moments de rupture survenus ces dernières décennies, que les continuités observables à travers la recomposition des identités collectives et professionnelles, dans un contexte permanent d’injonctions paradoxales et d’innovations.

Nous chercherons à éclairer les formes de résistance, les marges de manœuvre et les stratégies novatrices déployées par les acteurs sociaux en vue de réaffirmer les valeurs fondamentales de l’activisme social, le droit de l’usager et l’intégration des populations vulnérables quand les principaux mots d’ordre sont à la performance gestionnaire des organisations et à la rationalisation des budgets. Parce qu’il réintroduit la contradiction et la tension qui sont au cœur de l’action, ce nouveau cadre d’intervention, paradoxal et contraignant, n’est-il pas aussi une réalité subversive dont il faut se saisir ? Au-delà de l’opposition binaire entre un « avant » qualifié d’âge d’or du militantisme et un « après » présenté comme dénué de toutes convictions et valeurs d’engagement, existe-t-il un rapport plus nuancé à trouver entre rationalisation et mobilisation collective ?

L’objectif de cette journée est de permettre autour de ces questions cruciales, des regards croisés réunissant tant le monde scientifique, professionnel que militant, à partir d’un ressort commun « la recherche-action.